• Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier

    En 1863, le journal consacre une double page à la présentation du nouvel Opéra dont Paris va se doter. Il ne sera finalement inauguré qu’en 1875.

    Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier 

     

    C’est un bâtiment emblématique de la seconde moitié du XIXème siècle. Alors forcément, en mai 1863 lorsque les caractéristiques du futur Opéra de Charles Garnier sont connues, les gazettes s’empressent d’en publier les détails. Le Figaro y consacre plus qu’une double page, même si le journal regrette que son concurrent « Le monde illustré» ait décroché l’exclusivité en avant-première, occasionnant au passage «un surplus de cinq mille ventes ».

    « L’œuvre de M. Charles Garnier, choisie parmi cent cinquante-quatre concurrents pour exécuter le nouveau monument, appartient désormais à la critique, puisqu’un modèle en relief du nouvel Opéra figure à l’Exposition des beaux-arts, écrit Charles Yriarte. Les besoins sont si compliqués, l’œuvre est d’une telle importance, qu’il faut attendre sa réalisation avant de porter un jugement. »

    Une chose est sûre: le bâtiment va en imposer, notamment par ses escaliers. Plaçons-nous donc dans l’axe du monument faisant face au boulevard des Capucines et à la rue de la Paix, et remarquons l’indication d’une nouvelle voie de communication large et splendide partant du boulevard des Capucines pour aboutir à la façade du Théâtre-Français, en passant par la Butte des Moulins percée indispensable à l’effet du monument et son complément nécessaire», précise l’article. Une percée d’autant plus indispensable qu’elle permet au commanditaire de l’opéra, Napoléon III d’accéder directement à son palais des Tuileries.

    D’énormes escaliers

    Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier 

    « Quant au plan de l’édifice, quoique les gens du monde ne sachent pas toujours lire un plan, il leur sera cependant facile de se rendre compte des grandes divisions que celui-ci présente, détaille l’article dans un style inimitable. L’arrivée, avec une grande salle des pas perdus et des galeries latérales pour la foule qui attend l’ouverture des guichets; les escaliers, qui ont une importance relativement énorme: celui qui occupe le centre, escalier d’honneur réservé aux abonnés et aux premières loges, escaliers latéraux spacieux et commodes, réservés à ceux des spectateurs qui ont pris leurs places aux guichets. »

    À la lecture de l’article, on comprend à quel point Napoléon III s’est impliqué dans le projet puisque «le pavillon de gauche est réservé au service de l’Empereur» et que « le service est compris de telle façon, qu’étant reçue une dépêche importante pendant la représentation, l’Empereur pourrait réunir son conseil des ministres dans son foyer ».

    On apprend également que «l’administration n’a pas cru qu’un nombre de places excédant deux mille lui fût nécessaire ; la salle actuelle contient dix-neuf cents personnes, et ce nombre est en proportion avec les besoins de la population qui fréquente l’Opéra. Pourtant, on pourrait porter à trois mille le nombre des places occupées, sans qu’il en résultât la moindre gêne pour le spectateur.

    96 cm d’espace entre deux rangs de fauteuils d’orchestre

    Et du côté du confort de la salle, on peut lire que « d’un rang de fauteuils d’orchestre à un autre, l’architecte a prévu un espace de 96 centimètres » ou encore que Charles Garnier a milité pour la conservation du lustre quand les architectes de l’époque lui préféraient un « immense cercle de feu, «sorte de lentille grossissante qui vous menace et vous atteint de ses rayons. »

    Quant au chantier à venir et à son coût, l’article apporte également quelques précisions. « La somme dépensée s’élèvera à 20 millions, et nous pensons que le Gouvernement devrait prolonger le temps de l’exécution plutôt que sacrifier à une économie inadmissible pour une telle œuvre. » Chantier high tech avant l’heure, il met en œuvre « tout un système de chemins de fer avec plaques tournantes pour le montage des pierres sur les murs ; huit machines à vapeur de la force de vingt chevaux fonctionnent tous les jours. Une pierre de 10.000 kilogrammes est montée à 18 mètres de hauteur en six minutes, tandis que la force humaine exigerait cinquante minutes. » Malgré cette aide mécanique, la construction durera près de 15 ans de 1861 à 1875.

    Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier

    Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier

    Le Figaro présentait le futur Opéra Garnier

    Paru dans Le Figaro


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  • Pourquoi il n’y avait pas de cimetière à l’ouest de Paris ? 

    Crédit photo de une : C-bargotiphotography

     

    Paris compte aujourd’hui 14 cimetières intra-muros gérés par la Mairie. Mais cela n’a pas toujours été le cas. L’histoire funéraire de la capitale est plutôt mouvementée. En effet, avant le XVIIIème siècle, chaque paroisse avait son petit cimetière à l’arrière de l’église. Les morts y étaient enterrés et les vivants pouvaient ainsi se recueillir dans un lieu de culte. Il était très rare de franchir la porte de ce lieu.

    Mais, la catastrophe du cimetière des Innocents dans le quartier des Halles, où les fosses communes se sont affaissées déversant plus de 2000 corps dans les habitations environnantes, a forcé à repenser la manière de gérer les corps. Ainsi, des milliers de dépouilles sont transférées dans les anciennes carrières de la ville… Les Catacombes

    Suite à cela, trois grands cimetières non liés à une paroisse sont créés aux abords de la ville : le cimetière du Nord à Montmartre, le cimetière du Sud à Montparnasse et le cimetière de l’Est, plus connu sous le nom du Père Lachaise. Mais, aucun n’est installé dans l’Ouest Parisien. Et cela s’explique par le fait de sa proximité avec Versailles. Déjà, les riches logent dans ces quartiers. Les vents allant majoritairement d’Ouest en Est, cela évite que les plus favorisés soient importunés par les odeurs : des usines, de l’activité… ou encore des cimetières !

    Article paru dans Paris Zig Zag  


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  • Il y a souvent de petites histoires qui font la grande. C’est le cas de cette mystérieuse jeune femme du XIXème restée dans l’Histoire, en tant que mannequin de secourisme. Découvrez le parcours de cette anonyme qui a sauvé bien des vies. 

    Paris, XIXème siècle. Au coeur de la capitale, les rues pavées sont dangereuses. Les bâtiments trop hauts plongent la ville dans une obscurité macabre et rendent les immeubles insalubres. De nombreux « bidonvilles » parsèment Paris à l’instar de Ménilmontant. Des baraques et des masures peuplent des ruelles recouvertes de boue et de fumier. Paris vit plusieurs épidémies de choléra, en 1832 et en 1849, ôtant la vie à des milliers de personnes. Au milieu de ce lieu malade, imaginez l’île de la Cité.

     

    Cette anonyme qui a donné son visage aux mannequins de secourisme

    Le pont au Change dans le Paris du XIXème siècle 

     

    L’île de la Cité accueille alors la morgue parisienne, endroit paradoxalement plein de vie. Des centaines de gens y défilent chaque jour pour admirer un sinistre spectacle. Les tables inclinées de marbre noir, séparées du public par une vitre, s’alignent. Les cadavres non identifiés ramassés sur la voie publique ou dans la Seine sont exposés. Avec l’espoir que quelqu’un les reconnaîtra. Dans les années 1880, le corps inerte d’une femme retrouvée dans le fleuve parisien s’aligne à côté d’autres.

    La jeune femme ne porte aucune marque de violence. Le médecin légiste de l’époque opte pour le suicide comme conclusion. Fasciné par la beauté et le sourire énigmatique de la jeune femme, un employé de la morgue réalise un masque mortuaire. Un masque mortuaire est un masque moulé sur le visage d’une personne récemment décédée. L’objet permet la conservation d’un portrait fidèle en trois dimensions au-delà du court laps de temps qui laisse le cadavre intact. L’employé décide alors de les vendre.

     

    Cette anonyme qui a donné son visage aux mannequins de secourisme

    Les deux visages de l’Inconnue de la Seine

     

    La jeune femme est alors surnommée l’Inconnue de la Seine. Hélène Pinet,  conservatrice au musée Rodin, explique qu’« au fil des ans une dimension mythique et esthétique (…) l’a transformée en objet de décoration et de fantasmes ». De nombreuses spéculations sur sa vie, sa mort et sa place dans la société sont formulées à partir de l’expression heureuse du visage de l’Inconnue. Le masque devient un ornement populaire sur les murs des maisons d’artistes après 1900. A partir de la fin du XIXème siècle, l’image se diffuse dans toute l’Europe et impressionne de nombreux artistes.

    Dès le début du XXème siècle, les écrivains s’empreignent de la légende. En 1926, l’écrivain allemand Ernst Benkard écrit de l’Inconnue : « (elle) apparaît comme un papillon délicat, qui, insouciant et euphorique, a volé droit vers la lampe de la vie, allant y brûler ses ailes délicates. » Louis-Ferdinand Céline ajoute la photo de l’Inconnue à son édition de la pièce L’Église. En 1944, Aragon, dans son roman Aurélien, met en scène Aurélien, un jeune homme qui possède chez lui le masque de l’Inconnue. Il confondra le masque avec le visage de Bérénice, la femme dont il tombe amoureux ; femme qui plus tard lui fera cadeau d’un autre masque, réalisé à partir de son propre visage. En 1934, Nabokov publie un poème intitulé L’inconnue de la Seine.

    Dans les années 1950, le Norvégien Asmund Laerdal, fondateur d’une société de jouets spécialisée dans des poupées en plastique mou, s’intéresse à la jeune femme. Il a l’idée d’utiliser son savoir-faire pour proposer des mannequins aux futurs secouristes apprenant les techniques de réanimation cardio-pulmonaire. « Un mannequin de taille humaine et d’apparence très réaliste permettrait aux élèves d’être davantage motivés pour apprendre les techniques de réanimation. Touché par l’histoire de cette jeune femme décédée à un si jeune âge, il fit modeler un visage à partir du masque mortuaire pour son nouveau mannequin d’enseignement, Resusci Anne », explique la compagnie.

     

    Cette anonyme qui a donné son visage aux mannequins de secourisme

     Resusci Anne en action via Shutterstock

     

    Lancée en 1960, Resusci Anne, le mannequin, célèbre ses 56 printemps. Bien que souvent modernisé, il conserve la même apparence. L’Inconnue de la Seine est entrée quant à elle dans la légende, portée par des écrivains romantiques. Les suppositions autour de la mort de la jeune femme laissaient penser à un amour impossible l’ayant poussée au suicide. Aujourd’hui, elle est devenue la femme la plus embrassée du monde. Cette histoire vous a plu ?

    Article paru dans Daily Geek Show


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  • Le Figaro étrillait l’architecture de l’église Saint-Augustin


     

    En mai 1868, Le Figaro évoque l’inauguration de l’église parisienne Saint-Augustin et critique vertement le travail de Victor Baltard, l’architecte des Halles. Son édifice ressemblerait à un «objectif de photographe».

     

    Le Figaro étrillait l’architecture de l’église Saint-Augustin

     

    Si sa création des Halles centrales en plein cœur de Paris avait suscité l’enthousiasme, le dessin de l’église Saint-Augustin par le même architecte, Victor Baltard, laisse bon nombre d’observateurs dubitatifs. Dans son édition du 30 mai 1868, Le Figaro écrit ainsi : « M. Victor Baltard est l’architecte des Halles centrales, la plus merveilleuse conception de l’édilité parisienne. Il a dépensé dans cette œuvre toute son intelligence, tout son savoir, tout son goût, et j’ose même dire tout son génie. Aussi ne lui est-il plus rien resté de tout cela quand il s’est agi de construire l’église Saint-Augustin, qu’on a inaugurée hier. »

    Poursuivant la critique, le journaliste Alfred d’Aunay se fait plus précis: « On a tout dit sur l’extérieur, qui ressemble fort à un immense objectif de photographe surmonté d’un gâteau de Savoie. Quant à l’intérieur, cela désarme la critique. On sent l’effort d’un constructeur habile, qui a voulu appliquer à un édifice religieux tous les engins métalliques avec lesquels on confectionne les usines et les gares de chemins de fer. » Impitoyable, il explique : « La voûte semble une grande brèche, tendue sur un réseau de grillages. Au milieu on voit un immense trou rond. Quand on est au-dessous, on sent que c’est un dôme admirable de proportions, mais qui ferait mieux au-dessus de la piste d’un cirque, ou du parterre d’un alcazar. »

     

    Le Figaro étrillait l’architecture de l’église Saint-Augustin

     

    Un orgue absolument merveilleux

    En fait, ce qui perturbe Le Figaro, c’est que cette architecture profane s’accorde mal au sacré. « Certes, il est bon de bâtir des églises, mais on devrait songer en même temps à former nos artistes pour les concevoir dans un sentiment plus chrétien », résume le quotidien. Il reste tout de même un élément à sauver dans cette réalisation selon Alfred d’Aunay: son orgue  qui est « absolument une merveille » et « une des curiosités de Paris ». « Il a été construit par M. Barker, l’inventeur du levier pneumatique, précise l’article. Il a trois claviers et quarante-deux registres. La transmission se fait par l’électricité, ce qui permet, au moyen d’une pile de vingt-quatre éléments, de supprimer toutes les parties mécaniques et d’éviter tout dérangement. Le clavier y gagne une douceur et une précision incomparables. » Pour Le Figaro, Saint-Augustin serait donc une église à regarder avant tout avec ses oreilles...

     

    Le Figaro étrillait l’architecture de l’église Saint-Augustin

    Le Figaro étrillait l’architecture de l’église Saint-Augustin

    Article paru dans Le Figaro


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    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

     

    En 1875, cinq ans après la guerre franco-allemande et 4 ans après le soulèvement de la Commune de Paris, Le Figaro décrit les cérémonies qui marquent le démarrage du chantier de la basilique de Montmartre.

     

    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

     

    Pour la pose de la première pierre de l’église votive de Montmartre « toutes les rues qui conduisent au sommet de la butte étaient, dès huit heures du matin, garnies d’une double haie de curieux », à en croire l’édition du 17 juin 1875 du Figaro qui décrit les cérémonies de la veille. Aux premières loges, l’archevêque de Paris, Mgr Guibert, en charge de la construction de cette basilique dite du « Vœu National ».

    Le clergé de Saint-Pierre-Montmartre vient le recevoir, écrit Le Figaro. « Permettez-nous d’espérer, Monseigneur, dit le curé, que vous serez appelé à couronner l’édifice dont vous venez poser la première pierre. » Il n’en aura pas le temps. Il décède en 1886 alors que l’intérieur de la nef ne sera inauguré qu’en 1891 tandis que le campanile sera achevé en 1912. Conformément à sa volonté, il repose d’ailleurs dans la crypte du Sacré-Cœur et non dans celle de la cathédrale Notre-Dame.

     

    Quinze ou vingt mille personnes dans l’enceinte

    « On pénètre, par une véritable brèche, dans l’immense terrain sur lequel va s’élever la basilique du Sacré-Cœur, écrit Alfred d’Aunay. Quel superbe coup d’œil ! Quinze ou vingt mille personnes se pressent dans l’enceinte. » Pour cette réalisation qui doit être entièrement financée par des souscriptions, l’archevêque de Paris « remercie les assistants de leur empressement à venir à cette fête et les souscripteurs de leur générosité. Il remercie le souverain pontife, qui « malgré sa pauvreté a envoyé une riche offrande ».

     

    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

     

    Dans son discours, Mgr Guibert raconte qu’il a craint un instant qu’on voulût faire un fort de Montmartre. Mais il a dit et répété qu’un fort ainsi placé ne serait pas d’un grand secours contre les ennemis du dehors, et que l’église qu’il projetait protégerait la société bien plus efficacement qu’une bastille contre les ennemis du dedans. Il compare Montmartre à la sainte Montagne, « d’où le divin Maître fit entendre sa parole au peuple de Galilée. »

    « Enfin Mgr Guibert appelle la bénédiction divine sur tous ceux qui vont travailler à l’édification de ce temple, ou contribuera à réunir les ressources nécessaires à l’achèvement de ce monument du repentir de la France catholique, de cet hommage de son dévouement. » Quant à Mgr Dupanloup, maniant avec dextérité la truelle et le marteau comme le précise l’article, il précise : « je mets beaucoup de mortier car je désire que l’édifice soit bien solide ».

    On va dépenser de l’argent sur la butte. On va améliorer ce quartier. On fera de bonnes affaires et on commence déjà.

    Rappelant que ce chantier démarre quelques années à peine après le soulèvement de la Commune, l’article souligne: « On passe auprès d’un terrain vague, sur lequel s’élevait encore, il y a quelques jours, cette sinistre maison de la rue des Rosiers, dans le jardin de laquelle furent fusillés, le 18 mars 1871, les généraux Clément Thomas et Lecomte. » Ces militaires avaient été chargés de chercher les canons de Montmartre avant que le peuple parisien ne s’y oppose.

     

    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

     

    « Là, des marchands vendent des médailles commémoratives, et des photographies du projet de l’église, décrit encore le journaliste. Un petit étalage de prières imprimées, est adossé à un vieux mur sur lequel est grossièrement dessinée la tête hideuse de la Marianne, coiffée du bonnet phrygien. Ce mur est tout ce qui reste du corps de garde des fédérés, dans lequel un groupe d’atroces coquins s’érigea en tribunal pour condamner à mort les deux premières victimes de l’insurrection. »

    Visionnaire, l’auteur de l’article poursuit: « Demain tous ces souvenirs auront disparu. Les ouvriers travailleront gaiement au bel édifice. Les gens du voisinage, qui il y a quatre ans ont peut-être assisté, témoins impassibles, à ces drames sanglants, sont joyeux. On va dépenser de l’argent sur la butte. On va améliorer ce quartier. On fera de bonnes affaires et on commence déjà. »

     

    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

    La pose de la première pierre du Sacré-Cœur

    Article paru dans le Figaro


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