• La « maison du Diable » de Guimard

     

    Située à quelques encablures de la Maison de Radio France dans le 16ème arrondissement, cette vaste bâtisse de 700 m² attire invariablement l’œil des passants. En effet, 120 ans après être sortie de terre, son exubérance architecturale continue d’étonner : une façade composée de pierres meulières et de briques, des balcons ouvragés à outrance et une entrée, l’une des plus belles de la capitale, absolument hors norme. On vous fait découvrir ce drôle d’immeuble, installé rue Jean de la Fontaine depuis 1898.

    Une ornementation spectaculaire et inédite

    Cet incroyable immeuble, surnommé le « Castel Dérangé » ou la « maison du Diable » par ses détracteurs, aura valu à son architecte d’être qualifié de fou. Et pourtant, il aura également permis à ce jeune Lyonnais arrivé quelques années plus tôt à Paris de se faire une renommée… Cet architecte n’est autre qu’Hector Guimard, figure de proue de l’Art Nouveau en France, que nous connaissons principalement pour les édicules qu’il a créés pour le métro parisien. Lorsqu’Hector Guimard intègre le projet en 1897, l’immeuble, destiné à recevoir 36 appartements à bas loyers, est déjà en cours de construction. Aussi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’architecte a peu œuvré à la création de l’immeuble et n’a pour ainsi dire été chargé que de la décoration. Et quelle décoration !

     

    La « maison du Diable » de Guimard

     

    La porte d’entrée nous laisse entrevoir ce qui se cache derrière : un vestibule recouvert de panneaux de grès et de grilles en fer forgé aux formes plus qu’étranges qui donnent à cette entrée d’immeuble une atmosphère presque dérangeante tant elle est surchargée. Les éléments en fer sont l’œuvre d’Hector Guimard, tandis que les panneaux ont été réalisés par Alexandre Bigot, céramiste emblématique de l’Art Nouveau qui a notamment travaillé avec Jules Lavirotte.

     

    La « maison du Diable » de Guimard

    La « maison du Diable » de Guimard

     

    Sur la façade, on découvre des hippocampes qui grimpent le long de l’immeuble, un chat, un oiseau, des crustacés, mais aussi d’imposants garde-corps et balcons tout en courbes et en ondulations. Le tout se déploie dans des tons clairs et lumineux, orangés, vert d’eau, beiges. Chaque détail a été pensé, dessiné, puis mis en œuvre par l’architecte qui a été fortement influencé par le belge Victor Horta dont il a vu le travail à Bruxelles. On pourrait passer la journée à contempler les innombrables détails qui émaillent cet étonnant bâtiment !

     

    La « maison du Diable » de Guimard

     © Anelo de la Krotsche

     

    Immeuble Castel Beranger – 12/14 rue Jean de la Fontaine, 75016

    Métro : Jasmin (ligne 9), Avenue du Président Kennedy (RER C)

     

    Article paru dans Un Jour de plus à Paris


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  • Petite histoire de la Conciergerie

     

    Elle étend sa longue silhouette baignée de lumière le long des quais de Seine dans le 1er arrondissement, faisant d’elle l’un des édifices les mieux exposés de Paris. Mais malgré son imposante stature et la beauté de son architecture médiévale, la Conciergerie est un endroit peu visité par les Parisiens et les touristes. La faute peut-être à son passé un poil sordide…

     

    À l’origine, le palais des Rois

    Tout avait pourtant bien commencé. Au moment de sa construction, au Xème siècle, l’actuelle Conciergerie était le Palais de la Cité, le siège du pouvoir des capétiens, les anciens rois de France. C’est principalement à Philippe IV le Bel que l’on doit son architecture gothique et notamment ses belles tourelles, la Tour d’argent qui contenait le trésor royal et la tour César construite sur des fondations romaines. Le lieu, immense, comprenait également l’actuel Palais de Justice ainsi que la splendide Sainte-Chapelle édifiée par Saint-Louis. Il doit son nom au concierge du palais, qui avait un rôle de gardien primordial. À l’époque, le palais était considéré comme l’un des plus beaux d’Europe, mais c’était avant que le XIVème siècle ne fasse basculer son destin de façon étonnante…  

     

    Petite histoire de la Conciergerie

     

    La plus ancienne prison de France

    Charles V, au pouvoir à cette époque, décide de ne rien faire comme les autres : il transfère le siège du pouvoir au palais Saint-Pol à Saint-Paul, hors des remparts de Philippe Auguste, pour être au calme. Il faut dire que le pauvre avait dû affronter l’invasion de la foule de mécontents suite à la signature d’un traité avec l’Angleterre. En 1310, l’édifice fut alors converti en prison d’état, où de nombreux prévenus étaient parqués en attendant leur jugement. Les plus riches bénéficiaient d’une cellule dotée d’une paillasse pour s’étendre, alors que les moins fortunés étaient entassés à même le sol. Dans la plupart des cas, leur captivité aboutissait sur une exécution… C’est d’ailleurs ici que pendant la Révolution, Marie-Antoinette et Robespierre ont séjourné avant de passer à l’échafaud !

     

    Petite histoire de la Conciergerie

     

    Une visite riche en émotions

    En 1914, la prison ferme ses portes pour devenir un monument national ouvert au public. Lors d’une visite, il faut s’attendre à s’extasier mais aussi à ressentir l’empreinte d’un lourd passé. On découvre les salles médiévales aux proportions impressionnantes, comme la salle des gens d’armes, qui, avec ses voûtes de 8,50 mètres de haut et son style gothique servait de réfectoire aux employés du roi.  

     

    Petite histoire de la Conciergerie

     

    Mais on peut voir également les petits cachots, la cellule de Marie-Antoinette dont le « décor » est reconstitué, ainsi que des objets d’antan qui donnent le frisson comme un couperet de guillotine ou d’anciennes clés de la prison.

     

    Petite histoire de la Conciergerie

     

    Difficile de ne pas être ému dans la cour des femmes, où les détenues se promenaient, lavaient leurs linges et disaient adieu à leurs familles. À l’extérieur, il ne faut pas manquer la fameuse tour de l’horloge haute de 47 mètres et son cadran solaire à gloire d’Henri III datant de 1585.  

    Conciergerie
    2 Boulevard du Palais, 75001
    Plein tarif : 9€ –  tarif réduit : 7€, gratuit moins de 26 ans
    Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h

    Article paru dans Paris Zig Zag


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  • Ces églises méconnues qui cachent des chefs-d’œuvr

    Lorsque l’on souhaite découvrir des œuvres d’art, le premier réflexe est d’aller dans un musée. Mais il existe bien d’autres endroits pour satisfaire ses envies d’art et de découverte. La preuve avec ces quatre églises parisiennes peu connues qui cachent des trésors picturaux dignes des plus grands musées. Entrez, c’est gratuit !

    L’Église Saint-Denys du Saint-Sacrement

    Eugène Delacroix est majoritairement connu pour ses peintures historiques et ses œuvres d’inspiration littéraire, mais ce grand artiste du XIXème siècle s’est également attelé, quoique plus rarement, à des thématiques religieuses. Et c’est évidemment dans les églises de la capitale que l’on retrouve la plupart des œuvres de ce Parisien de cœur : trois de ces tableaux sont exposés dans la chapelle des Saints-Anges de l’Église Saint-Sulpice, un autre au sein de l’Église Saint-Paul-Saint-Louis.

    Le plus réussi de ces tableaux à vocation spirituelle, une Pietà exécutée en seulement quelques semaines en 1844, ne se trouve pourtant pas dans l’une de ses deux églises, mais dans un lieu plus confidentiel : l’Église Saint-Denys du Saint-Sacrement dans le 3ème arrondissement. Construite entre 1826 et 1835 et nommée en mémoire du premier Évêque de Paris, cette église néoclassique abrite également deux grands orgues du XIXème siècle et quatre autres peintures murales, dont une du peintre néo-classique François-Édouard Picot, qui valent également le coup d’œil !

    Ces églises méconnues qui cachent des chefs-d’œuvr

    La Pietà d’Eugène Delacroix

    Église Saint-Denys du Saint-Sacrement – 68 Rue de Turenne, 75003

    Métro : Filles du Calvaire (ligne 8)

     

    L’Église Saint-François-Xavier

    On vous le dit tout de suite, cette église du 7ème arrondissement, construite sous le Second Empire, est un petit bijou ! L’ornementation de sa coupole et de son chœur dans un style néo-byzantin est sublime et l’intérieur regorge de détails picturaux et de sculptures en l’honneur de Saint-François-Xavier, Saint-Vincent-de-Paul ou de la Vierge Marie. Cette église érigée non loin des Invalides offre également à ces visiteurs de nombreux tableaux, dont trois œuvres picturales majeures.

    La première est une œuvre de l’emblématique peintre vénitien Le Tintoret,  La Cène. La seconde est un tableau composé par Lubin Baugin, La Vierge et l’Enfant, qui se trouvait, avant la Révolution française, dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Enfin, on y trouve une œuvre plus récente, peinte par Henry Lerolle au XIXème siècle, intitulée La Communion. On vous laisse y aller pour les découvrir !

    Ces églises méconnues qui cachent des chefs-d’œuvr

    Église Saint-François-Xavier – 39 Boulevard des Invalides, 75007

    Métro : Saint-François-Xavier (ligne 13)

     

    L’Église Saint-Nicolas du Chardonnet

    Installée au cœur du Quartier Latin, cette église est un petit musée à elle seule ! De nombreux tableaux et sculptures conservés dans cette église sont classés aux monuments historiques : 13 tableaux, 5 bas-reliefs, 3 monuments funéraires et deux sculptures ! Parmi les artistes les plus éminents dont les œuvres se trouvent dans cette église de la rue des Bernardins, on retrouve Charles Lebrun, connu pour ses peintures de la Galerie des Glaces du Château de Versailles, Lagrenée le jeune ou encore le sculpteur Nicolas Legendre. Dommage que l’accueil des visiteurs par les membres de la paroisse ne soit pas toujours très hospitalier.

    Ces églises méconnues qui cachent des chefs-d’œuvr

    Le Martyre de Saint Jean l’Évangéliste, tableau attribué à Charles Le Brun

    Église Saint-Nicolas du Chardonnet –  23 Rue des Bernardins, 75005

    Métro : Cardinal Lemoine (ligne 10)

     

    L’Église Notre-Dame de la Nativité de Bercy

    Isolée sur un terre-plein central au cœur d’un quartier où le macadam et le béton sont rois, l’Église Notre-Dame de la Nativité de Bercy n’attire vraiment pas grand monde ! Ce manque d’intérêt est sans doute accru par l’apparence très austère du lieu. En effet, l’intérieur est sans artifice, très sobrement décoré et simplement doté d’un petit orgue en bois. Et pourtant, l’Église possède quelques peintures religieuses des XVIIème et XVIIIème siècles qui méritent toute notre attention !

    Parmi ces œuvres, on notera tout particulièrement le tableau Jésus et la Samaritaine de Jacques Stella et L’annonciation, une œuvre peinte en 1659 par le français Daniel Hallé. Il faut savoir que peu d’églises abritent encore des œuvres réalisées avant la Révolution, car la plupart ont été pillées à ce moment-là. En plus d’être très réussies, ces œuvres sont donc des raretés à Paris !

    Ces églises méconnues qui cachent des chefs-d’œuvr

    Jésus et la Samaritaine, de Jacques Stella

    Église Notre-Dame de la Nativité de Bercy – Place Lachambeaudie / 11 Rue de la Nativité, 75012

    Métro : Cour Saint-Émilion (ligne 14)

    Article paru dans Paris Zig Zag


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  • Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Une oasis de verdure, des arcades, des arabesques et de la calligraphie arabe en plein Quartier Latin, c’est le décor qu’offre la Grande Mosquée de Paris, la plus célèbre et ancienne mosquée de France. Chaque année, cette dernière attire plus de 60 000 visiteurs en plus des fidèles qui viennent régulièrement y prier. À croire que les 450 artisans d’Afrique du Nord qui ont concouru à la rendre si fastueuse ont bien travaillé…

    Certains l’ignorent, mais la Mosquée de Paris se visite. Derrière le fameux salon de thé où l’on peut commander thés à la menthe, couscous et pâtisseries orientales, et le hammam où l’on se voit dispenser massages et précieux conseils de beauté, se cache le cœur de la mosquée, ses salles de prières, son incroyable patio et son jardin si dépaysant.

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Le minaret rectangulaire de la mosquée

    C’est le 15 juillet 1926, en présence du sultan du Maroc, que le lieu est inauguré. Immédiatement, la beauté de cette mosquée de style hispano-mauresque et surmontée d’un minaret de 33 mètres impressionne. Sa taille aussi, puisqu’elle s’étend tout de même sur plusieurs hectares, offerts par la mairie de Paris en hommage aux milliers de musulmans morts pour la France lors de la Première Guerre Mondiale.

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    L’extérieur, composé de façades blanches discrètement décorées est sobre. Difficile d’imaginer qu’en franchissant l’entrée réservée aux visiteurs, on plonge sans ambages dans le « Jardin des délices », qui s’inspire directement des plus beaux jardins andalous. On quitte la France pour se laisser enivrer par le son des fontaines, la beauté des bassins en marbre, l’exotisme des 5 palmiers symbolisant les 5 piliers de l’Islam, et la douceur des glycines qui s’étirent sur les murs. Éblouissant.

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

    Tout près, le grand patio servait autrefois de salle d’ablutions pour les fidèles, avec son imposante fontaine. Avant d’y entrer, on s’arrête quelques instants devant la porte en bois de cèdre ornée de versets du Coran en calligraphie coufique, fabriquée à la main par des artisans marocains. Une oeuvre rare. Une fois dans la salle, on est frappé par le sol en marbre, les rosaces multicolores en mosaïque au mur, les frises en céramique finement sculptées et les colonnades surmontées d’un toit de tuiles vertes. Malgré ses décors si riches et travaillés, l’ensemble n’est pas outrancier, comme le veut la tradition dans les mosquées.

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris

     

    Autres salles remarquables : la bibliothèque de style andalou aux bois rares, la salle de conférence avec ses teintures en fils d’or aux murs, ainsi que la salle de prières et ses splendides tapis aux motifs persans et son imposant lustre de 500kg, où le public n’est cependant pas autorisé à pénétrer.

    Les trésors de la Grande Mosquée de Paris


    Informations pratiques : 

    2 bis Place du Puits de l’Ermite, 75005

    Métro : Place Monge (ligne 7)

    Tarif plein 3€, tarif réduit 2€

    Visites tous les jours sauf le vendredi

    Article paru dans Paris Zig Zag 


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  • Petite histoire du Café de Flore

     

    Le Café de Flore n’existerait sans doute plus sans les dizaines d’écrivains qui ont foulé ses portes, jour après jour, année après année. Pendant près de cinquante ans, ce lieu a été celui de toutes les réunions littéraires, de tous les débats philosophiques et de toutes les rêveries artistiques. On vous raconte l’histoire de cet établissement emblématique de Saint-Germain-des-Prés.

    Des débuts sous le signe de l’extrême droite nationaliste

    Il faut bien le dire, les premières années, le café n’a pas grande réputation. Ce n’est qu’un troquet comme les autres, n’attirant pas grand monde et se contentant de vivoter. C’est sans doute la raison pour laquelle on ignore la véritable date d’ouverture du lieu. 1884, 1885, 1887 ? On choisira, plus tard, l’année 1885. Peut-être pour coïncider avec l’ouverture de son voisin et concurrent de toujours, Les Deux Magots.

    Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’après dix ans d’existence que le Flore commencera à devenir un lieu qui compte à Paris. On assimile souvent les abords de l’Église de Saint-Germain-des-Prés à l’intelligentsia de gauche, mais c’est bien l’Action française, courant nationaliste et royaliste, qui prendra ses quartiers dans le café en premier. Au tournant du XXe siècle, le Flore devient en effet le point de rencontre de Charles Maurras et ses acolytes. L’organisation d’extrême-droite fait s’y rencontrer ses agents de liaison, établit ses lignes directrices, fomente ses prochains coups politiques. C’est aussi là, au premier étage, qu’ils écrivent le premier numéro du bulletin mensuel de l’Action française en 1899.

    Les premiers surréalistes de l’après-guerre

    Il faudra cependant attendre les dernières heures de la première guerre mondiale pour que le Flore commence réellement à attirer les artistes. Guillaume Apollinaire, accusé quelques années plus tôt du vol de la Joconde, n’habite pas très loin et vient en voisin dès 1917. Il s’installe près du poêle le matin et y passe la journée. Il écrit, certes, mais y fait également venir ses amis : André Breton, Paul Réverdy, Louis Aragon ou encore Paul Éluard figurent parmi les nouveaux clients du café germanopratin, invités par l’auteur d’Alcools.

    Alors que Montparnasse et Montmartre sont encore les hauts-lieux de la culture parisienne, la « révolution surréaliste » débutera là, autour d’une table du 172 boulevard Saint-Germain, avant de se développer au Bureau de recherches surréalistes, du côté de la rue de Grenelle, dans les années 1920.

    L’Occupation ou l’âge d’or du Café de Flore

    Les surréalistes ont déserté depuis plusieurs années lorsque le Flore trouve son nouveau souffle à la fin des années 30. Depuis toujours, les écrivains et artistes parisiens fréquentent les cafés, non pas pour se montrer, mais pour trouver un endroit plus agréable que leurs chambres de bonne humides et non chauffées. Or, en 1939, le nouveau patron a la bonne idée de faire installer un poêle à charbon plus grand et plus puissant.

    Ce poêle chauffe non seulement le rez-de-chaussée, mais également le premier étage, beaucoup plus calme. Rapidement, Simone de Beauvoir, qui fréquentait le Dôme à Montparnasse, prend l’habitude de s’installer sur l’une des dizaines tables du premier étage pour y travailler. Le café est proche de Gallimard, la maison d’édition de la philosophe, et son patron laisse, avec plus ou moins d’enthousiasme, ses clients rester toute la journée sans beaucoup consommer. Elle ne deviendra pourtant une vraie habituée qu’aux premières heures de l’Occupation.

    Petite histoire du Café de Flore

    Boris et Michelle Vian accompagnés de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir au Café de Flore en 1949 © MANCIET/SIPA

     

    En effet, les cafés de Saint-Germain-des-Prés attirent moins les officiers de la Wehrmacht que les hauts-lieux de Montparnasse, le Dôme et la Closerie des Lilas en tête. Les auteurs peuvent donc y travailler avec plus de tranquillité. Jean-Paul Sartre la rejoint en 1941, après quelques mois passés dans l’armée française et en camp de détention en Allemagne. Le couple en fait son quartier général, bureau le jour, salle des fêtes la nuit.

    Le couple Sartre-Beauvoir, Albert Camus, Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty, le premier étage du Flore se retrouve rapidement composé presque entièrement d’existentialistes studieusement (et silencieusement) installés pour y écrire leurs œuvres respectives. Sartre avait même, dit-on, une ligne spéciale pour ses appels téléphoniques !

    Petite histoire du Café de Flore

    Dédicace de Jean-Paul Sartre à Paul Boubal, le patron du Café de Flore.

     

    Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir acquièrent leur notoriété en même temps qu’ils deviennent des « piliers » du Flore. À la fin de la guerre, le lieu se transforme alors en épicentre de la vie artistique et intellectuelle parisienne. Les jeunes artistes, les penseurs et les amateurs de jazz qui font des caves de Saint-Germain leurs QG se réunissent toujours plus nombreux au Flore. Pendant quelques années, Boris Vian,  Léo Ferré ou Jacques Prévert en feront leur point de chute.

    Pourtant, les années passent et l’atmosphère change. Le lieu continuera d’attirer les artistes et intellectuels, mais ils viennent de moins en moins pour y trouver un endroit agréable, et de plus en plus pour s’y montrer. Aujourd’hui, une tarte Tatin coûte 15 €, une salade Caesar s’acquiert pour 20 € et l’emblématique chocolat du Flore allège notre porte-monnaie de 7 €. On est loin de l’époque où l’on s’y installait parce qu’on était sans-le-sou.

    Café de Flore – 172 boulevard Saint-Germain, 75006

    Métro : Saint-Germain-des-Prés (ligne 4)

    Article paru dans Paris Zig Zag


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