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Guide de Paris en bandes dessinées, collectif. Éditions Petit à Petit, 192 pages, 19,90 euros
Il était une fois, il était une autre fois et encore une autre fois… Il était trente fois Paris au travers de ce curieux guide de voyage. Divisé en trente chapitres comportant chacun trois pages de BD et trois pages documentaires avec plan de situation, photo et texte pour prolonger la visite. Cet ouvrage est construit non pas géographiquement d’arrondissement en arrondissement mais de façon chronologique au gré des anecdotes illustrant le lieu. Si l’on débute logiquement avec les arènes de Lutèce, on saute à la Sainte-Chapelle avec l’achat de la Couronne d’épines du Christ puis au jardin des Tuileries, suivent alors le Luxembourg, Pigalle et le Moulin Rouge, la tour Eiffel pour arriver au Louvre, non pas à sa construction mais au vol du tableau de la Joconde en 1911…
Frais et didactique ce guide de Paris qui peut se déguster d’un trait ou progressivement apporte de nombreuses surprises à ceux qui ne connaissent la Ville lumière que d’une façon superficielle. Fruit de la collaboration de six scénaristes, trente-deux dessinateurs et six coloristes représentant huit nationalités différentes, chaque auteur travaillant avec son style propre. Si les BD pédagogiques, plus faciles d’accès que les ouvrages savants, se généralisent, il faut dire que cet ouvrage est aussi une nouveauté, le sujet traité n’avait jamais été proposé de cette façon. Sans compter qu’il s’agit d’un véritable guide indiquant des renseignements pratiques comme l’adresse du monument, les stations de métro, le prix de l’entrée ou l’accessibilité aux handicapés. Mais Paris ne se compose pas uniquement de trente sites même mythiques peut-être faudra-t-il penser à des suites pour bien connaître la capitale…
François Membre
Article paru dans Actu.fr
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Où l'on fait la connaissance de deux amants enlacés pour l'éternité.
1910, Paris. Au cimetière du Montparnasse, des ouvriers s’affairent. Ils installent sur l’une des tombes une stèle, surmontée d’une sculpture. On y voit deux personnes s’embrasser, très étroitement enlacées… Que vient faire une œuvre aussi sensuelle dans un cimetière ?
Il s’agit de la tombe d’une demoiselle, Tania Rachevskaïa : à 23 ans, elle se suicide par amour. Son amant endeuillé commande la statue à l’un de ses amis, le sculpteur roumain Constantin Brancusi.
Constantin Brancusi, Le Baiser, 1909, Cimetière du Montparnasse, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand
Ce dernier est alors en pleine réflexion… Il cherche à se renouveler en s’éloignant des techniques des autres sculpteurs de l'époque, Rodin en tête : tous commencent par modeler leurs œuvres dans la terre.
Brancusi, lui, choisit de tailler directement le bloc de pierre sans passer par l’étape du modelage.
Brancusi travaillant à la colonne sans fin, vers 1930, épreuve aux sels d'argent, Musée national d'Art moderne - Centre Pompidou, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP) Voir en grand
Face à la matière brute, le sculpteur veut simplifier les formes pour les réduire à l’essentiel.
C’est donc avec un style très moderne qu’il commence une série d’œuvres autour du thème du baiser.Constantin Brancusi, Le Baiser, Musée national d'Art moderne - Centre Pompidou, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand
Brancusi sculpte les deux corps enlacés, prolongés par leurs jambes accolées, pour symboliser la force de l’amour face à l’éternité.
Mais son approche artistique n’est pas du tout du goût des parents de la défunte ! Ils exigent au contraire un buste réaliste de leur fille. Ce serait bien plus convenable à leurs yeux.
Brancusi tient bon et passe outre les critiques, estimant que son baiser correspond davantage au destin tragique de la jeune fille. Il finit par obtenir gain de cause.
Aujourd’hui, il repose en paix non loin de là, dans la division 18 du même cimetière.Constantin Brancusi, Le Baiser, 1909, Cimetière du Montparnasse, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand
Edward Steichen, Constantin Brancusi, 1922, photographie © The estate of Edward Steichen / ADAGP, Paris, 2017 Voir en grand
Pour en savoir plus :
Sur son œuvreArticle paru dans Artips
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1789. Quelques jours après la prise de la Bastille, des centaines d’ouvriers s’activent dans l’ancienne forteresse. L’entrepreneur Palloy dirige les opérations.
Le but ? Démonter pierre à pierre le vieux bâtiment, symbole du pouvoir monarchique. Mais qu’est-ce que Palloy compte faire de ces milliers de blocs ?
Anonyme, Démolition du château de la Bastille, 1789, eau-forte, Bibliothèque nationale de France Voir en grandL’entrepreneur a de l'ambition. Il a profité du chaos de juillet 1789 pour s’attribuer le monopole du chantier de démolition. La Bastille est à lui !
À lui aussi la charge de revendre au plus offrant cette réserve de somptueuses pierres de taille. Cela tombe bien, plusieurs grands projets d’urbanisme étaient en pause, faute de moyens financiers et de matériaux.
Donchery, Portrait de Pierre-François Palloy, vers 1789, 29 x 23 cm, Musée Carnavalet, Paris
Parmi eux, le pont de la Concorde : le projet dormait dans les cartons depuis plus de soixante ans !
L’architecte en charge du projet, Perronet, est donc ravi de pouvoir se procurer au meilleur prix les pierres indispensables à l’avancée du chantier.
Jean-François Janinet, Pont de la Concorde, fin du XVIIIe siècle, eau-forte, Musée Carnavalet, Paris
Le pont, très moderne, est l’un des premiers ponts plats de Paris, ce qui permet une meilleure circulation des véhicules.
De plus, le symbole est fort : les pierres de la Bastille sont utilisées pour paver le pont, les Parisiens vont littéralement piétiner l’ancienne prison royale… C’est donc en recyclant les restes de la vieille forteresse que Paris se modernise.
Anonyme, Place et pont de la Concorde, entre 1890 et 1900, photochrome, Bibliothèque du Congrès, Washington Voir en grand
Quant à Palloy, jamais à court d’idées, il trouve aussi une utilité aux pierres les plus petites.
Pour commémorer la prise de la Bastille, il fait sculpter des dizaines de petites maquettes de la forteresse. Ses « souvenirs » font un carton ! Un commerce tout aussi juteux que les chantiers de construction…Maquette de la Bastille, entre 1789 et 1794, pierre, 37 x 95 x 98 cm, Musée Carnavalet, Paris
Voir en grandHubert Robert, La Bastille, dans les premiers jours de sa démolition, 1789, huile sur toile, 77 x 114 cm, Musée Carnavalet, Paris Voir en grand
Pour en savoir plus :
Sur la prise de la Bastille
Sur Palloy et la Bastille
Sur le pont de la ConcordeArticle paru dans Artips
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