• Le dernier cloître médiéval de Paris

    Natalia Jacquounain

     

    C’est au cœur du Marais, bien caché derrière une petite porte en arc à côté de l’Église du même nom, qu’est installé le Cloître des Billettes, la plus ancienne galerie ecclésiastique de la capitale. On vous fait découvrir cette jolie cour médiévale.

    L’affaire du miracle des Billettes

    La chapelle du 24 rue des Archives, puis du cloître qui lui est associé, tient son origine d’une affaire pour le moins rocambolesque et qui a défrayé la chronique en son temps. L’histoire raconte qu’un jour de 1290, une pieuse mais pauvre femme chrétienne doit se résigner à donner ses vêtements à un usurier juif, Jonathas, en échange de 30 sous. Quelques temps plus tard, la femme retourne voir l’usurier afin de récupérer ses habits pour Pâques. N’ayant pas d’argent, elle lui propose d’apporter l’hostie consacrée qu’elle recevrait le jour de Pâques en échange.

    Mais tout ne se passe pas comme prévu… Après avoir récupéré l’hostie, Jonathas sort un couteau pour percer le pain de communion, puis le jette au feu et enfin dans une chaudière d’eau bouillante. Contre toute attente, nous dit la légende, l’hostie ne subit aucun dégât, mais s’élève dans les airs, tandis que l’eau bouillante se change immédiatement en sang. Le sacrilège de « Jonathas le Juif » se transforme en miracle chrétien. Rappelons que nous sommes en 1290 et que les mesures anti-juives et les expulsions des juifs sont fréquentes dans toute l’Europe. La population ne tarde donc pas à jeter son mécontentement sur l’usurier.

    Donné en pâture, l’homme est jugé en hâte, puis condamné à mort. Comme toutes les exécutions à l’époque, sa mise à mort est effectuée sur la place de Grève, actuelle place de l’Hôtel de Ville. D’aucuns diront que cette exécution fait le bonheur de tous ceux qui devaient de l’argent à ce célèbre usurier parisien… De son côté, le roi de France Philippe le Bel décide de confisquer la maison du juif, rebaptisée la « maison des miracles ».

     

    Le dernier cloître médiéval de Paris
     

    Natalia Jacquounain

     

    L’actuelle église des Billettes n’a été construite qu’au XVIII, entre 1754 et 1758, à la place de l’ancienne église gothique, mais le cloître situé à ses côtés date encore du Moyen-Âge.

    Un complexe catholique puis luthérien 

    Quatre années plus tard, en 1294, une chapelle est érigée à l’emplacement du « miracle » et devient rapidement un lieu de pèlerinage. Ce n’est qu’en 1427 qu’un cloître lui est ajouté. Si l’église connaîtra de nombreuses modifications, reconstructions et restaurations, le cloître sera conservé à l’identique au fil des siècles. En 1808, l’Église Luthérienne obtient par la Ville de Paris le droit de s’installer dans les locaux.

    Restaurée dans son état d’origine en 1968, cette jolie cour carrée, composée de quatre galeries à arcades et surmontée de maisons, est aujourd’hui un petit centre culturel qui accueille de nombreux concerts ainsi que des expositions temporaires qui mettent à l’honneur de jeunes artistes. Un lieu atypique où la sérénité continue de régner et l’art de s’épanouir.

     

    Le dernier cloître médiéval de Paris

    © evous.fr

     

    Le dernier cloître médiéval de Paris

    © evous.fr

     

    Cloître des Billettes – 22/24 rue des Archives, 75004

    Métro : Hôtel de Ville (lignes 1 et 11)

    Ouvert tous les jours de 11h à 19h lorsqu’il y a une exposition, fermé le reste du temps.

     

    Article paru dans Paris Zig Zag


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