• Où l'on fait la connaissance de deux amants enlacés pour l'éternité.

    1910, Paris. Au cimetière du Montparnasse, des ouvriers s’affairent. Ils installent sur l’une des tombes une stèle, surmontée d’une sculpture. On y voit deux personnes s’embrasser, très étroitement enlacées… Que vient faire une œuvre aussi sensuelle dans un cimetière ?

    Il s’agit de la tombe d’une demoiselle, Tania Rachevskaïa : à 23 ans, elle se suicide par amour. Son amant endeuillé commande la statue à l’un de ses amis, le sculpteur roumain Constantin Brancusi.

     

    Dans tes bras... 

    Constantin Brancusi, Le Baiser, 1909, Cimetière du Montparnasse, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand

     

    Ce dernier est alors en pleine réflexion… Il cherche à se renouveler en s’éloignant des techniques des autres sculpteurs de l'époque, Rodin en tête : tous commencent par modeler leurs œuvres dans la terre.

    Brancusi, lui, choisit de tailler directement le bloc de pierre sans passer par l’étape du modelage.

     

    Dans tes bras...
     

    Brancusi travaillant à la colonne sans fin, vers 1930, épreuve aux sels d'argent, Musée national d'Art moderne - Centre Pompidou, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP) Voir en grand

     

    Face à la matière brute, le sculpteur veut simplifier les formes pour les réduire à l’essentiel.
    C’est donc avec un style très moderne qu’il commence une série d’œuvres autour du thème du baiser.

     

    Dans tes bras...

     Constantin Brancusi, Le Baiser, Musée national d'Art moderne - Centre Pompidou, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand 

     

    Brancusi sculpte les deux corps enlacés, prolongés par leurs jambes accolées, pour symboliser la force de l’amour face à l’éternité.

    Mais son approche artistique n’est pas du tout du goût des parents de la défunte ! Ils exigent au contraire un buste réaliste de leur fille. Ce serait bien plus convenable à leurs yeux.

    Brancusi tient bon et passe outre les critiques, estimant que son baiser correspond davantage au destin tragique de la jeune fille. Il finit par obtenir gain de cause.
    Aujourd’hui, il repose en paix non loin de là, dans la division 18 du même cimetière.

     

    Dans tes bras...

    Constantin Brancusi, Le Baiser, 1909, Cimetière du Montparnasse, Paris © Succession Brancusi - All rights reserved (ADAGP), 2017 Voir en grand

     

    Dans tes bras...

    Edward Steichen, Constantin Brancusi, 1922, photographie © The estate of Edward Steichen / ADAGP, Paris, 2017 Voir en grand 

    Pour en savoir plus :
    Sur son œuvre 

    Article paru dans Artips 


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