• En se baladant dans les rues de la capitale, il n’est pas rare de croiser des symboles égyptiens sur les façades de certains édifices. À vrai dire, dès le 16ème siècle, l’Egypte commence à susciter une certaine fascination en Europe, et notamment en Île-de-France, en témoigne la porte égyptienne érigée à Fontainebleau en 1540 déjà. Mais, ce n’est vraiment qu’à partir du milieu du 18ème siècle que les Parisiens sont pris « d’égyptomanie ».

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


    On doit cet héritage, principalement, à Napoléon Bonaparte qui, suite à son expédition de 1798 en Egypte, donne naissance au style « Retour d’Egypte ». Les nombreuses découvertes faites à cette époque inspirent aux artistes de nouveaux motifs. On fait notamment dresser des monuments et baptiser des rues en commémoration de cette campagne napoléonienne. On peut prendre l’exemple de la Fontaine du Fellah, l'une des plus insolites de la ville,
    et de la Fontaine du Châtelet, mais également des ornementations de l’aile Lemercier de la Cour Carrée du Louvre qui datent aussi de cette période.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…

     

    Construite par l’ingénieur François Jean Bralle et le sculpteur Pierre-Nicolas Beauvalet en 1806, la Fontaine du Fellah est particulièrement originale, notamment par sa forme. Située au 42, rue de Sèvres (7ème), l’œuvre est inspirée des temples traditionnels égyptiens. Trône en son centre une statue d’Antinoüs, favori de l’empereur Hadrien. La sculpture actuelle n’est en fait qu’une reproduction de l’originale rapportée d’Italie par Napoléon comme prise de guerre. Cependant, de fontaine, elle n’a que le nom car l’eau n’y coule plus depuis longtemps.

     

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    Napoléon Bonaparte fait également édifier, en 1806, par François Jean Bralle, la Fontaine du Palmier, pour commémorer ses nombreuses victoires et délivrer de l’eau gratuite et potable aux Parisiens. Aussi connue sous le nom de Fontaine du Châtelet (car située au centre de la place du Châtelet) ou Fontaine de la Victoire, elle est reconnaissable par sa fine colonne, ornée au sommet de feuilles de palmier et surmontée d’une Victoire en bronze doré. Autour du bassin, quatre sphinx sculptés crachent des jets d’eau.

     

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    Dans la Cour carrée du Louvre, l’aile Lemercier se voit, dès 1805, décorée de toute part de motifs et symboles égyptiens. On y trouve notamment une personnification du Nil adossée contre une pyramide, la déesse Isis un faucon sur l’épaule, Cléopâtre qui tient dans sa main un serpent.

    On compte par ailleurs de nombreuses autres références à l’Egypte, avec la rue, la place et le passage couvert du Caire, la rue d’Aboukir, la rue du Nil ou encore la rue d’Alexandrie qui prolifèrent dans le 2ème arrondissement. La déesse Isis devient même la patronne de Paris et apparaît sur les armes de la ville  pendant quelques années. Encore plus étonnante, la galerie funéraire trouvée sous la colonne de Juillet, place de la Bastille, qui compte, notamment, parmi ses macchabées, des momies rapportées par Napoléon pendant sa campagne.  

     

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    Le passage du Caire, construit en 1798, en pleine campagne napoléonienne, est considéré comme le plus vieux et le plus long passage (370m) couvert de Paris. Sa façade, située au 2, place du Caire (2ème), s’orne en 1828 de somptueux décors égyptiens : sculptures à l’effigie de la déesse Hathor, fresques de hiéroglyphes et colonnes à chapiteaux lotus. La paternité de cette oeuvre est attribuée, en principe, à l’architecte Berthier.

    Si l’Empereur a donné la (vraie) première impulsion, l’égyptomanie parisienne perdure bien après lui. L’un des plus grands symboles de l’amitié franco-égyptienne est d’ailleurs, de loin, l'obélisque de Louxor qui orne la place de la Concorde dès 1836. L’engouement pour l’Egypte est également ravivé par la naissance du style néo-égyptien. En 1921, on fait construire le cinéma Le Louxor, boulevard de Magenta, dont les sublimes décors sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Autres monuments caractéristiques : le Monument des Droits de l’Homme, installé sur le Champ de Mars, et la pyramide du Louvre, tous deux édifiés en 1989. Mais, c’est sans compter, bien évidemment, la centaine de sphinx, éparpillés dans la capitale, et la quinzaine de mausolées d’inspiration égyptienne, disséminés au cimetière du Père Lachaise.

     

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    Offert par l’Egypte à la France en 1830, l’obélisque de Louxor n’a été érigé sur la place de la Concorde qu’en 1836. Ce monument ornait originellement l’entrée du temple de Louxor. Bâti il y a plus de 3200 ans par Ramsès II, cet obélisque fait ainsi figure de plus vieux monument de Paris. Hommage au dieu du soleil Amon, ce monolithe en syénite se pare partout de hiéroglyphes et de feuilles d’or.

     

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    En 1921, le cinéma indépendant Le Louxor voit le jour, au 70, boulevard de Magenta. Bâti par l’architecte Henri Zipcy, il se distingue des autres temples du 7ème art par sa façade néo-égyptienne tout en mosaïques multicolores, motifs floraux, scarabées et autres symboles de ce genre.

     

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    La Ville de Paris commande le Monument des Droits de l’Homme en 1989, en commémoration du bicentenaire de la Révolution française. Installé dans le jardin du Champ-de-Mars, le sculpteur Ivan Theimer lui donne la forme d’un temple égyptien.

     

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    Commandée par Mitterrand en 1983, cette pyramide est la première grande construction réalisée en verre feuilleté et est ainsi surnommée le « Diamant du Louvre ». C’est l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei qui donne vie en 1989 à ce bijou d’architecture.

    Article paru dans Paris ZigZag


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