• Où l’on découvre comment l’art contemporain est entré au Louvre.

     

    1953. C’est l’événement au musée du Louvre.

    De nombreux curieux se pressent : une véritable star est là ! Le célèbre peintre Georges Braque, alors âgé de 71 ans, est accueilli avec les honneurs. Et pour cause : il est le premier artiste du XXème siècle à créer un grand décor pour le Louvre...

     

    Des oiseaux au plafond

    Georges Braque, Les Oiseaux, 1953, 2,70 x 2,12 m, Salle Henri II, Musée du Louvre, Paris © ADAGP, Paris 2016

     

    Non, il n’y a pas que des artistes morts depuis longtemps au musée du Louvre ! Braque a reçu d'André Malraux une prestigieuse commande : peindre l’un des plafonds du vieux palais...

    Malraux souhaite introduire l’art contemporain au milieu d’une architecture ancienne. Le contraste entre les lambris, ces boiseries dorées de la Renaissance, et ces grands oiseaux épurés peut surprendre. C’est exactement ce que recherche Malraux.

     

    Des oiseaux au plafond

    Détail de l’œuvre © ADAGP, Paris 2016

     

    Quant au sujet du plafond, il n’est pas choisi au hasard. De grands oiseaux noirs se détachent sur un ciel nocturne... Cet animal devient à l’époque la signature de Braque.
    Pour cet ancien poilu de la Grande Guerre, l’oiseau symbolise la liberté, l’évasion et le rêve. L’artiste reprend également dans sa peinture un aspect “papier découpé”, rappelant les collages de ses œuvres cubistes de jeunesse.

     

    Des oiseaux au plafond

    Georges Braque, L’Oiseau noir et l’oiseau blanc, 1960. Huile sur toile, 1,34 x 1,67 m, collection particulière © ADAGP, Paris 2016

     

    Pour autant, Braque n’oublie pas où il se trouve. Ses Oiseaux volent dans une salle du Louvre qui date d’Henri II.

    Il glisse donc dans sa composition un clin d’œil au roi de France... Le croissant de lune de Braque, à côté des oiseaux, rappelle l’emblème d’Henri II : deux croissants entrelacés sur un « H » !

     

    Des oiseaux au plafond

    L’emblème du roi Henri II sur l’une des façades du musée du Louvre

     

    Des oiseaux au plafond

    Georges Braque, Les Oiseaux, 1953, 2,70 x 2,12 m, Salle Henri II, Musée du Louvre, Paris. Détail de l'œuvre © ADAGP, Paris 2016

    Article paru sur Artips 


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  • Le Cimetière Saint-Vincent est un petit cimetière caché en bas de la butte Montmartre (côté 18ème arrondissement), qui offre une promenade agréable, idéale pour découvrir au calme et de manière originale l’atmosphère unique des cimetières parisiens. 

     

    Cimetière Saint-Vincent

     

    Aucune concurrence avec le Cimetière de Montmartre (également appelé Cimetière du Nord), ils ne jouent pas dans la même catégorie.

    Quand cet illustre dernier récupère tous les jours des centaines de visiteurs venus des quatre coins du monde et cheminant vers la Basilique du Sacré Cœur, le cimetière Saint-Vincent n’accueille quant à lui que quelques badauds curieux arrivés ici presque par hasard.

    Dès l’entrée, vous remarquerez le caractère presque confidentiel de ce cimetière. Avec sa construction en pente, ses allées fleuries et la jolie perspective qui donne sur le Dôme du Sacré-Cœur, le charme vous saisira immédiatement.

    Montez ensuite dans les allées et déambulez parmi les quelques 900 tombes qui ornent le cimetière. Vous y découvrirez entre autre quelques personnalités inhumées dans ce cimetière. Parmi les plus connues, citons Marcel Aymé, Marcel Carné ou Maurice Utrillo.

     

    Un endroit étonnant… 

     

    Cimetière Saint-Vincent

    Article paru dans Un jour de plus à Paris


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  • La langue française est riche de mots ou d’expressions nés de notre quotidien, que nous utilisons sans même le savoir. Certaines de ces expressions trouvent leurs racines à Paris, dont l’origine remonte au Moyen-Âge, ou même à une époque plus récente. De la Guinguette à l’expression « Payer en monnaie de singe », découvrez ces mots ou expressions nés à Paris.

     

    La Guinguette

    Ces mots ou expressions, de la langue française, nés à Paris
    Van Gogh, La Guinguette

     

     

    Lorsque Paris était encore l’une des plus amples zones viticoles de France, on produisait – notamment dans le quartier de Belleville – le ginguet, un vin blanc pétillant de mauvaise qualité mais très bon marché. Un ginguet qui se buvait directement chez les paysans, dont les auberges se sont transformées avec le succès du ginguet en… guinguettes. Un terme qui désigna ensuite plus généralement les cabarets populaires où les parisiens venaient boire et danser.

     

    Payer en monnaie de singe

    Au 13ème siècle, Saint-Louis décida de faire payer une taxe à toutes les personnes qui empruntaient le Petit Pont pour relier l’Île-de-la-Cité via la rue Saint-Jacques. Il existait toutes sortes de prix à payer, et toutes sortes d’exonérations. L’une d’entre elles concernait les forains et jongleurs, qui étaient dispensés des 4 deniers à payer pour leur singe si l’animal faisait au péagier un numéro, ou une grimace. Une vraie monnaie de singe !

     

    Midi pétante

    Ces mots ou expressions, de la langue française, nés à Paris

     

    Avant l’heure des montres et des horloges, le temps était basé sur le temps solaire – ou temps vrai – mesure basée sur le déplacement apparent du Soleil au cours de la journée. Il ­fallait­ donc­ régler chaque­ jour­ sa­ montre ­à­ partir­ d’un­ « midi ­vrai ». En 1786, l’un des plus grands horlogers de Paris, le Sieur Rousseau, installé dans les galeries du Palais Royal, offrit au jardin l’une de ses inventions : un canon en bronze qui, grâce à une loupe qui provoquait la mise à feu de la mèche du canon les jours de soleil, « pétait » à midi.       Les parisiens venaient donc au palais Royal régler leurs montres à… midi pétante !

     

    Tenir le haut du pavé

    Au Moyen Âge, les rues étaient pavées et n’avaient pas de trottoirs. Elles étaient en outre construites en forme de V pour que les eaux et les saletés puissent s’écouler dans la partie centrale. Des rues qui étaient également particulièrement étroites, et le plus souvent remplies de monde. Et comme elles ne permettaient pas aux piétons de se croiser en restant sur la partie haute de la rue, l’usage de l’époque voulait que, lorsque deux personnes se croisaient, la plus pauvre des deux s’écarte vers le milieu. La personne la plus riche, elle, tenait le haut du pavé.

     

     

    Faire grève

    Ces mots ou expressions, de la langue française, nés à Paris

     

    Nommée place de l’Hôtel de Ville en 1803, la grande place située devant l’Hôtel de Ville de Paris se nommait avant cela Place de Grève, la grève étant, en langue française, un terrain constitué de sable et de graviers situé au bord d’un cours d’eau. Pendant longtemps plus important port de Paris, cette place attirait tous les jours des centaines de parisiens qui attendaient les bateaux pour décharger leurs marchandises. Ils faisaient donc grève, en attendant du travail.

    Un mot dont la signification s’est aujourd’hui inversé !


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  • L’étonnante histoire de Bercy Village


     

    Aujourd’hui, on se rend à Bercy Village pour se faire une toile dans l’un de ses cinémas réputés grands et confortables, ou manger au restaurant tout en tachant d’éviter celui qui est considéré comme le pire de Paris ! À vrai dire, ceux qui s’y attardent sont plutôt les promeneurs affamés après une balade au parc de Bercy, une exposition à la Cinémathèque ou encore les touristes de passage, les Parisiens boudant un peu ce quartier jusqu’à présent pauvre en bonnes adresses.

    L’étonnante histoire de Bercy Village

     

    Pourtant, le Cour Saint-Émilion, autre nom donné à Bercy Village, est agréable pour son atmosphère atypique et presque dépaysant. Ce quartier piéton, aménagé autour d’anciennes halles à vin, ne ressemble à aucun autre à Paris : ici, pas d’immeubles haussmanniens, mais uniquement d’anciennes constructions en pierres blanches et aux toits pointus abritant aujourd’hui des boutiques de grandes enseignes ou des restaurants en tous genres. 46 chais du XIXème siècle répartis en deux rangées et séparés par une cour pavée, où déambulent les visiteurs, quand ils ne prennent pas place sur l’une des nombreuses terrasses pour se sustenter.

    L’étonnante histoire de Bercy Village

    L’étonnante histoire de Bercy Village

     

    Si l’on ouvre bien les yeux, on remarque sur cette petite allée la présence d’anciens rails. De quoi nous aiguiller encore davantage sur l’histoire du lieu ! Au XIXème siècle se tenait là « le plus grand marché de vins et spiritueux au monde » : le Cour Saint-émilion faisait office d’immense entrepôt et de comptoir de vente de vins, préalablement mis en bouteille non loin de là, à Bercy. Des breuvages acheminés par la Seine directement de l’Yonne, de Bourgogne, d’Algérie, ou par train via la gare de Lyon en provenance du midi.

    L’étonnante histoire de Bercy Village

    L’étonnante histoire de Bercy Village

     

    À cette époque, les amateurs de vins aimaient se rendre aux entrepôts de Bercy où l’alcool était détaxé, du moins jusqu’à l’annexion du quartier à Paris en 1860, qui proclame la fin de cet avantage fiscal. Proche de la Seine, l’endroit était également bien pourvu en guinguettes et auberges conviviales, qui en faisaient un haut-lieu de réjouissances. Mais il ne faut pas oublier qu’avant tout, l’on y travaillait beaucoup ! Pour imaginer l’activité de l’époque, rien de tel que de se rendre à quelques pas de là, aux Pavillons de Bercy, qui abritaient autrefois les « Chais Lheureux », du nom de l’élève de l’architecte Victor Baltard.

    L’étonnante histoire de Bercy Village

    L’étonnante histoire de Bercy Village

     

    À quelques mètres du Cour Saint-Émilion, en bordure de la rue des Pirogues, on y observe six grands chais en pierres de meulière à l’aspect très industriel, des structures métalliques, des rails toujours, ou encore des voûtes en briques servant de couloirs de passage. Bien loin de l’aspect un poil aseptisé de Bercy Village, l’âme du lieu et son passé y sont plus palpables. Mais si l’extérieur garde sa forme d’antan, l’intérieur des chais est aujourd’hui investi par le magnifique musée des Arts forains.

    L’étonnante histoire de Bercy Village

     

    Article paru dans Paris Zig Zag


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  • Dans les pas de Baudelaire sur l’Île Saint-Louis
     

    Charles Baudelaire fait partie des figures qui ont dépeint Paris. Il y a passé sa vie et y a rencontré grand nombre de ses contemporains tels que Victor Hugo, Théophile Gautier ou encore Balzac. Son recueil de poème Les Fleurs du Mal a fait grand bruit à l’époque et est encore considéré comme un chef d’œuvre. La beauté était une de ses notions préférées et c’est ainsi, sans surprise, qu’il s’est établi sur l’Île Saint-Louis, que son rayonnement au XIXème siècle n’était pas aussi grand qu’aujourd’hui.

     

    6, rue Le Regrattier, La « Vénus noire »  de Baudelaire 

    Dans les pas de Baudelaire sur l’Île Saint-Louis

    Jeanne Duval par Constantin Guy © Noami Wenger

     

    Dans cette ancienne rue de la Femme sans-Tête, au n° 6, habite Jeanne Duval, la    « Vénus noire » que Baudelaire a rencontrée en avril ou mai 1842. Elle sera sa muse au fil de nombreuses cohabitations entrecoupées de ruptures et de réconciliations. La mère du poète ne fut guère tendre avec elle : « La Vénus noire, écrit-elle, l’a torturé de toutes manières. Oh ! Si vous saviez ! Et que d’argent elle lui a dévoré ! Dans ses lettres, j’en ai une masse, je ne vois jamais un mot d’amour. » Zola se souvient-il de son (très jeune) ami quand, dans L’Œuvre, il situe l’atelier de son héros, le peintre Claude Lantier, rue de la Femme-sans-Tête ?

     

    22, quai de Béthune

    Le 28 mai 1842, Baudelaire s’installe au 10, quai de Béthune (actuel n° 22), dans l’hôtel Lefebvre de la Malmaison. Il a vingt et un ans et c’est son premier domicile parisien sur une liste qui en comptera une bonne quarantaine. Ses amis peuvent lui rendre visite au rez-de-chaussée dans une grande et unique pièce, très haute de plafond, dans laquelle on remarque un lit en forme de cercueil, une vieille table aux pieds tournés et des miroirs de Venise. Le choix de l’île Saint-Louis témoigne de l’excentricité du jeune dandy. On se croirait « à cents lieues de Paris » et il faut acquitter un péage pour s’y rendre.

    Mais Baudelaire ne veut être ni de la rive droite, ni de la rive gauche : il est inclassable. Les années 1842-1843 sont celles des premières liaisons littéraires, Hugo, Gautier, Balzac qu’il croise sur les quais et qui, dans Ferragus, évoque l’île Saint-Louis en ces termes : « Si vous vous promenez dans les rues de l’île […], ne demandez raison à la tristesse nerveuse qui s’empare de vous qu’à la solitude, à l’air morne des maisons et des grands hôtels déserts. » Baudelaire réside quai de Béthune jusqu’au mois de mai 1843. Il se transporte alors sur la rive opposée, à l’hôtel Pimodan.

     

    17, quai d’Anjou

    Depuis mai 1843 (à l’exception d’un petit séjour forcé à « l’hôtel des Haricots », la maison d’arrêt de la Garde nationale), Baudelaire réside à l’hôtel Pimodan, devenu hôtel de Lauzun puis hôtel des Teinturiers, où il demeurera jusqu’au 30 juin 1845. Au troisième étage, entre les combles et l’étage noble, il loge dans un appartement exigu, très haut de plafond, composé de petites pièces sans destination spéciale, dont les fenêtres donnent sur la Seine. Baudelaire peut admirer Saint-Paul-Saint-Louis droit devant lui et deviner la rue de Sévigné où habita sa mère. Dans l’immeuble, il fréquente le Club des Hachichins et, au rez-de-chaussée, l’antiquaire Arondel qui vend au poète de faux Jacob Bassano, le laissant endetté jusqu’à la fin de ses jours.

    Dans les pas de Baudelaire sur l’Île Saint-Louis

    Charles Baudelaire en 1855 par Nadar.

     

    17, quai d’Anjou, Le Club des Hachichins 

    Dans Le Club des Hachichins (1846), Gautier raconte sa première séance et sa perception de l’île Saint-Louis : « Un soir de décembre, obéissant à une convocation mystérieuse, rédigée en termes énigmatiques compris des affiliés, inintelligibles pour d’autres, j’arrivai dans un quartier lointain, espèce d’oasis de solitude au milieu de Paris. […] Il était difficile, le long de ce quai désert, dans cette masse de bâtiments sombres, de distinguer la maison que je cherchais ; cependant mon cocher, en se dressant sur son siège, parvint à lire sur une plaque de marbre le nom à moitié décoré de l’ancien hôtel, lieu de réunion des adeptes. » Le club est créé en 1844 par le docteur Moreau de Tours. Objectif : trouver « l’électricité intellectuelle » grâce à l’opium, le haschich et surtout le dawamesk, une sorte de pâte ou de confiture verdâtre faite à partir de résine de cannabis mélangée à du miel et à des pistaches. Les séances ont lieu chaque mois chez le peintre Fernand Boissard dans un appartement situé au deuxième étage et loué au peintre par le baron Jérôme Pichon. Théophile Gautier y rencontre Baudelaire, qui habite au-dessus et vient en observateur. Entre les deux hommes se noue une profonde amitié ; Gautier écrira la préface des Fleurs du mal. S’inspirant de son expérience, Baudelaire composera Les Paradis artificiels, essai paru en 1860, dans lequel il décrit les effets des drogues, en particulier du haschich et de l’opium.

    Dans les pas de Baudelaire sur l’Île Saint-Louis

    Article tiré du livre Promenades Littéraires dans Paris de Gilles Schlesser. Réalisé en partenariat avec les éditions Parigramme.  

    Article paru dans Paris Zig Zag 


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