• L’atmosphère de Paris a toujours inspiré les artistes et nombreux sont ceux que le destin a poussés à y déposer leurs valises quelque temps. Ils étaient chanteurs, peintres, écrivains et ils se sont imprégnés de l’authenticité de Montmartre, de l’énergie populaire du 20ème arrondissement ou du chic du Marais, des quartiers où ils ont vécu enfant ou plus tardivement dans leur vie. Ces lieux ont incontestablement laissé des traces sur leurs toiles, dans leurs romans, ou leurs chansons, et ont également gardé l’empreinte éternelle de ces résidents de choix. Découvrez 7 maisons parisiennes habitées en leur temps par d’immenses artistes français.

     

    La maison de Dalida

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

     Britchi Mirela CC-BY-3.0

     

    C’est dans une petite rue très calme de Montmartre, où seule une poignée de touristes se perd, que se trouve l’ancienne maison de Dalida. La chanteuse a réussi à acquérir, au nez et à la barbe de Jean-Paul Belmondo, à l’époque également intéressé par le bien, un hôtel particulier de style 1900 au charme pittoresque ! Elle s’y installe en mai 1962 et profite de sa vue sur le tout Paris, du restaurant italien voisin le Grazziano et des commerces de la rue Lepic où elle avait ses habitudes. Un quotidien typiquement montmartrois qui n’a pas éloigné d’elle les démons qui la rongeaient, puisque c’est dans cette demeure, en 1987, que la chanteuse s’est donné la mort.
    11 bis rue d’Orchampt, 75018

     

    La maison de Barbara

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    Mbzt CC-BY-SA-3.0

     

    Vous souhaitez ressentir l’âme mélancolique de Barbara ? C’est au 50 rue Vitruve qu’il faut aller. Si l’interprète de L’Aigle Noir a vu le jour rue de Brochant dans le 17ème arrondissement, c’est dans cette rue du 20ème arrondissement qu’elle a finalement vécu une grande partie de son enfance. En 1946, toute la famille prend possession d’un petit appartement situé au deuxième étage d’un immeuble. Il inspirera plus tard à la chanteuse les paroles de Perlimpinpin : « Et faire jouer la transparence au fond d’une cour aux murs gris où l’aube aurait enfin sa chance… ». Pendant treize ans, jusqu’en 1959, elle y fera résonner les notes de son tout premier piano
    50 rue Vitruve, 75020

     

    La maison de Victor Hugo

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    Fredpanassac, CC-BY-SA-2.0

     

    Tout le monde rêve d’habiter sur la place des Vosges, Victor Hugo l’a fait ! Pendant seize ans, de 1832 à 1848, la famille de l’écrivain, poète et homme politique a posé ses valises au deuxième étage d’un charmant hôtel particulier, l'hôtel de Rohan-Guéménée. L’ambiance du Marais semble avoir inspiré Victor Hugo, puisque c’est dans ce logement qu’il a écrit certaines de ses œuvres les plus célèbres, dont une partie des Misérables. Aujourd’hui, la maison se visite comme un musée, l’occasion d’admirer mobilier, œuvres, souvenirs manuscrits, dessins de l’artiste, ainsi que la chambre où il écrivait debout sur son bureau.

    6, place des Vosges, 75004 

     

     

    La maison de Balzac

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    Rémi Jouan, CC-BY-SA-3.0

     

    En 1840, Honoré de Balzac s’installe dans une maison parisienne originale, un 5 pièces situé en rez-de-jardin et en bord de Seine, dans le 16ème arrondissement. Pure coquetterie ? Pas vraiment ! Endetté jusqu’au cou, le romancier veut avant tout échapper à ses créanciers et voit dans cette maison cachée par un autre bâtiment une planque parfaite ! Prenant le pseudonyme de Brugnol, il y reste sept années durant lesquelles il écrit notamment La comédie humaine. Aujourd’hui, le bureau qui a vu naître cette œuvre, la bibliothèque de l’écrivain ou encore la collection de toiles et de gravures de ce dernier sont à admirer dans cette résidence devenue musée.
    47 rue Raynouard, 75016

     

    L’appartement d’Édith Piaf

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    ©paris.fr

     

    Si Édith piaf a vu le jour dans le dénuement le plus total à Belleville, elle a passé les dix dernières années de sa vie dans le très chic 16ème arrondissement de Paris, preuve de son immense ascension sociale. En 1953, la Môme s’installe en effet au rez-de-chaussée du 67 bis boulevard Lannes, un grand appartement qui fut le témoin de son histoire d’amour avec le chanteur Jacques Pills, mais aussi de sa terrible descente aux enfers qui la mènera jusqu’à la mort le 11 octobre 1963. Dans son salon très dépouillé, la chanteuse recevait les plus grands compositeurs parisiens, qui défilaient autour du piano à queue pour lui faire découvrir leurs créations. C’est lors de l’une de ces séances qu’elle eut un coup de cœur pour la chanson « Non, je ne regrette rien ».

    67 bis boulevard Lannes, 75016 

     

     

    La maison de Georges Brassens

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    Mbzt, CC BY-3.0

     

    En 1944, en pleine Seconde Guerre Mondiale, Georges Brassens obtient une permission et décide de s’installer au calme à Paris, entre la rue de Vanves et la rue Didot, da,s l'impasse Florimont. Une ruelle à l’atmosphère sordide à l’époque, qui n’a pas empêché le chanteur de déployer son talent puisqu’il y écrit quelques-unes de ses chansons les plus populaires comme « Le Gorille », « Le fossoyeur » et « Margot » en l’espace de vingt-deux ans. Aujourd’hui, on observe sur sa façade l’hommage de Renaud, qui y a déposé un bas-relief en bronze portant l’épitaphe « Et que t’emporte entre les dents, un flocon des neiges d’antan », ainsi que les trois chats en terre cuite du potier Michel Mathieu.

    7 Impasse Florimont, 75014 

     

     

    La maison de Gainsbourg

     

    Ces maisons parisiennes où de grands artistes ont vécu

    Nate Bolt, CC-BY-SA-2.0

     

    Il y a été plus Gainsbarre que Gainsbourg, se laissant aller à ses excès et son vague à l’âme. Mais qu’importe, c’est ici qu’aujourd’hui ses fans témoignent encore de leur admiration pour lui. En 1969, année érotique comme il la surnomme alors, le chanteur s’installe dans cet hôtel particulier du 7ème arrondissement, qu’il avait pris soin de choisir proche de l’appartement de Juliette Gréco et… d’un tabac ! Le 2 mars 1991, il y meurt d’une crise cardiaque, transformant sa résidence en un lieu de pèlerinage où les murs sont recouverts de graffitis colorés et de déclarations enflammées. Joann Sfar, dessinateur et cinéaste à l’origine du film Gainsbourg (Vie héroïque), y avait même exécuté un dessin au feutre noir, avant que tout ne soit repeint en 2013.

    5 bis rue Verneuil, 75007 

    Article paru dans Paris ZigZag


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  • En se baladant dans les rues de la capitale, il n’est pas rare de croiser des symboles égyptiens sur les façades de certains édifices. À vrai dire, dès le 16ème siècle, l’Egypte commence à susciter une certaine fascination en Europe, et notamment en Île-de-France, en témoigne la porte égyptienne érigée à Fontainebleau en 1540 déjà. Mais, ce n’est vraiment qu’à partir du milieu du 18ème siècle que les Parisiens sont pris « d’égyptomanie ».

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


    On doit cet héritage, principalement, à Napoléon Bonaparte qui, suite à son expédition de 1798 en Egypte, donne naissance au style « Retour d’Egypte ». Les nombreuses découvertes faites à cette époque inspirent aux artistes de nouveaux motifs. On fait notamment dresser des monuments et baptiser des rues en commémoration de cette campagne napoléonienne. On peut prendre l’exemple de la Fontaine du Fellah, l'une des plus insolites de la ville,
    et de la Fontaine du Châtelet, mais également des ornementations de l’aile Lemercier de la Cour Carrée du Louvre qui datent aussi de cette période.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…

     

    Construite par l’ingénieur François Jean Bralle et le sculpteur Pierre-Nicolas Beauvalet en 1806, la Fontaine du Fellah est particulièrement originale, notamment par sa forme. Située au 42, rue de Sèvres (7ème), l’œuvre est inspirée des temples traditionnels égyptiens. Trône en son centre une statue d’Antinoüs, favori de l’empereur Hadrien. La sculpture actuelle n’est en fait qu’une reproduction de l’originale rapportée d’Italie par Napoléon comme prise de guerre. Cependant, de fontaine, elle n’a que le nom car l’eau n’y coule plus depuis longtemps.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…



    Napoléon Bonaparte fait également édifier, en 1806, par François Jean Bralle, la Fontaine du Palmier, pour commémorer ses nombreuses victoires et délivrer de l’eau gratuite et potable aux Parisiens. Aussi connue sous le nom de Fontaine du Châtelet (car située au centre de la place du Châtelet) ou Fontaine de la Victoire, elle est reconnaissable par sa fine colonne, ornée au sommet de feuilles de palmier et surmontée d’une Victoire en bronze doré. Autour du bassin, quatre sphinx sculptés crachent des jets d’eau.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    Dans la Cour carrée du Louvre, l’aile Lemercier se voit, dès 1805, décorée de toute part de motifs et symboles égyptiens. On y trouve notamment une personnification du Nil adossée contre une pyramide, la déesse Isis un faucon sur l’épaule, Cléopâtre qui tient dans sa main un serpent.

    On compte par ailleurs de nombreuses autres références à l’Egypte, avec la rue, la place et le passage couvert du Caire, la rue d’Aboukir, la rue du Nil ou encore la rue d’Alexandrie qui prolifèrent dans le 2ème arrondissement. La déesse Isis devient même la patronne de Paris et apparaît sur les armes de la ville  pendant quelques années. Encore plus étonnante, la galerie funéraire trouvée sous la colonne de Juillet, place de la Bastille, qui compte, notamment, parmi ses macchabées, des momies rapportées par Napoléon pendant sa campagne.  

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    Le passage du Caire, construit en 1798, en pleine campagne napoléonienne, est considéré comme le plus vieux et le plus long passage (370m) couvert de Paris. Sa façade, située au 2, place du Caire (2ème), s’orne en 1828 de somptueux décors égyptiens : sculptures à l’effigie de la déesse Hathor, fresques de hiéroglyphes et colonnes à chapiteaux lotus. La paternité de cette oeuvre est attribuée, en principe, à l’architecte Berthier.

    Si l’Empereur a donné la (vraie) première impulsion, l’égyptomanie parisienne perdure bien après lui. L’un des plus grands symboles de l’amitié franco-égyptienne est d’ailleurs, de loin, l'obélisque de Louxor qui orne la place de la Concorde dès 1836. L’engouement pour l’Egypte est également ravivé par la naissance du style néo-égyptien. En 1921, on fait construire le cinéma Le Louxor, boulevard de Magenta, dont les sublimes décors sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Autres monuments caractéristiques : le Monument des Droits de l’Homme, installé sur le Champ de Mars, et la pyramide du Louvre, tous deux édifiés en 1989. Mais, c’est sans compter, bien évidemment, la centaine de sphinx, éparpillés dans la capitale, et la quinzaine de mausolées d’inspiration égyptienne, disséminés au cimetière du Père Lachaise.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    Offert par l’Egypte à la France en 1830, l’obélisque de Louxor n’a été érigé sur la place de la Concorde qu’en 1836. Ce monument ornait originellement l’entrée du temple de Louxor. Bâti il y a plus de 3200 ans par Ramsès II, cet obélisque fait ainsi figure de plus vieux monument de Paris. Hommage au dieu du soleil Amon, ce monolithe en syénite se pare partout de hiéroglyphes et de feuilles d’or.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    En 1921, le cinéma indépendant Le Louxor voit le jour, au 70, boulevard de Magenta. Bâti par l’architecte Henri Zipcy, il se distingue des autres temples du 7ème art par sa façade néo-égyptienne tout en mosaïques multicolores, motifs floraux, scarabées et autres symboles de ce genre.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    La Ville de Paris commande le Monument des Droits de l’Homme en 1989, en commémoration du bicentenaire de la Révolution française. Installé dans le jardin du Champ-de-Mars, le sculpteur Ivan Theimer lui donne la forme d’un temple égyptien.

     

    Quand Paris prend des accents égyptiens…


     

    Commandée par Mitterrand en 1983, cette pyramide est la première grande construction réalisée en verre feuilleté et est ainsi surnommée le « Diamant du Louvre ». C’est l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei qui donne vie en 1989 à ce bijou d’architecture.

    Article paru dans Paris ZigZag


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  • Vidéo d’une qualité exceptionnelle.

     

    On est surpris par le monde dans les rues et aux terrasses des cafés, par le nombre de voitures et, déjà la noirceur des monuments et bâtiments ! 

    Pas de son, c’est normal (nous sommes en 1920). Ne manquez pas ce document exceptionnel ! 

     

    https://www.youtube.com/embed/blw8zJt-Sc0 

     

    En regardant ces gens aux terrasses des cafés, en tâchant de lire, sur les visages, les sentiments et les pensées, toi, oh mon frère, tu te dis avec un pincement au cœur que la vie file si vite... que les ombres se dissipent sans laisser la moindre de trace...

     

    Et il te revient alors, peut-être, en mémoire, cette épitaphe latine que l'on trouvait autrefois dans les cimetières : « HODIE MIHI, CRAS TIBI ! » (Aujourd'hui, c'est mon tour [d'être là], demain ce sera le tien).


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  • Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

     

    Alors que la préfecture de police de Paris organise jusqu’au 18 mars un exercice de grande ampleur simulant une crue majeure de la Seine, voici comment Le Figaro présentait les inondations de janvier 1910.

     

    Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

     

    En ce 24 janvier 1910, la crue de la Seine n’a pas encore atteint son maximum (ce sera le 28 janvier avec 8,62 mètres d’eau sous le pont d’Austerlitz) mais Le Figaro consacre déjà plusieurs pages à la description de ces inondations catastrophiques.

    « L’eau montera encore et les Parisiens commencent à s’inquiéter: au pont Royal, la Seine s’élève à 7, 15 mètres. Aujourd’hui, elle atteindra sans doute 7,40 mètres », souligne le quotidien sans avoir peur des euphémismes. Il tente même d’être positif : « Rassurons-nous en constatant qu’en 1802, au même pont Royal, la Seine atteignit 8,80 mètres, et en 1615, 9,82 mètres. Il ne semble d’ailleurs pas probable que, dans Paris même, nous ayons à déplorer de grands désastres. »

    L’avenir donnera tort au journaliste et d’ailleurs les descriptions de la situation que fait Le Figaro sur la page suivante ne prêtent pas vraiment à l’optimisme. « L’eau jaunâtre qui coule lentement, terriblement, à l’allure d’une grosse bête sournoise qui ne se presse pas vers le but, peut-on lire. Elle charrie des épaves qu’on distingue mal des pièces de bois, peut-être, ou des meubles brisés. Un homme, vers le pont de l’Alma, dit qu’il a vu passer un cadavre. »

     

    Cinquante mille têtes penchées sur les parapets

    À l’ouest de Paris, la situation est déjà très sérieuse. « Êtes-vous allé à Auteuil ?, écrit encore le journal. On dit que les maisons vont s’écrouler dans le souterrain du Nord-Sud. Combien sont-ils, ceux qui parlent ainsi, effrayés et inquiets ? Cinquante mille, dit-on. Cinquante mille têtes penchées sur les parapets. » Et au fil des reportages, le même genre de situations. « Une rue voisine de la rue Félicien-David, la rue Gros, fut hier midi complètement recouverte par les eaux. Et puis ce fut la rue Van-Loo et la rue Narcisse-Diaz. On dut, en toute hâte, organiser des secours. Des barques sillonnent les rues inondées. Et partout on rencontre des gens affolés, portant des malles ou des meubles, qu’ils vont mettre à l’abri où ils peuvent. »

    Et déjà il faut penser à reloger les plus gravement touchés. « Les architectes de la Préfecture de police et de la Préfecture de la Seine ont visité les immeubles des rues inondées. Soixante-dix ou quatre-vingts ménages se trouvent sans abri. Le maire de l’arrondissement, M. Gerente est venu en personne leur distribuer des secours. Il a établi pour eux un repas collectif, dans la salle de l’école communale de la rue de Billancourt. Le préfet de la Seine leur a fait, de son côté, remettre de l’argent et des bons de logement. »

     

    Une aubaine pour les familles de pauvres gens

    Poursuivant sa visite vers l’ouest, le journal relève : « Dans l’île de Billancourt, les Magasins militaires sont battus par les flots. L’eau a pénétré dans des réserves et causé des dégâts considérables. Le reste de l’île est submergé. Toutes les villas qui bordent ses berges sont dans l’eau, certaines jusqu’au premier étage ; beaucoup d’entre elles sont compromises. »

    À en croire le quotidien, certains tireraient cependant leur épingle du jeu. « Le long du fleuve, des familles de pauvres gens profitent de l’aubaine, peut-on ainsi lire. Armés d’une sorte de fronde une masse de plomb au bout d’une corde solide les hommes happent les débris qui passent ou dégagent ceux arrêtés, les attirent et les mettent à terre. Les femmes, les enfants les empilent sur le quai et veillent sur eux en attendant le retour du fils ou de l’ami qui, dans une voiture à bras, les charrie en toute hâte à la maison c’est une provision de bois pour les jours de grand froid. »

    Au final, la capitale aura connu plus de 20.000 caves inondées et des centaines de rues envahies par l’eau sans oublier la pollution due aux égouts qui refluent. Les dégâts avaient été chiffrés à 400 millions de franc-or (plus de 1,6 milliard d’euros actuels) sans compter le montant des aides aux victimes.

     

    Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

    Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

    Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

    Paris, en 1910, affrontait la crue du siècle

     


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  • Quand il nomme le baron Haussmann préfet de la Seine en 1853, Napoléon III le charge de « donner de l'air et de l'eau à Paris ». Il était plus que temps !

    « Plus de quartiers lépreux, plus de ruelles miasmatiques, plus de masures

    humides où la misère s'accouple à l'épidémie [...]. Plus de tanières immondes, réceptacles du rachitisme […]. Les murailles pourries, salpêtrées et noires [...] s'effondrent pour laisser surgir de leurs décombres des habitations dignes de l'homme. » En 1855, dans sa préface de Paris démoli, Théophile Gauthier se réjouit d'assister à la transformation radicale de la capitale, opérée depuis deux ans par le baron Haussmann. Si l'écrivain est implacable dans sa description de la cité, il n'en demeure pas moins objectif. Car, à la moitié du XIXème siècle, la situation de paris est plus que critique.

     

    Des quartiers sur peuplés

    La révolution industrielle pousse le peuple des campagnes à venir chercher du travail dans les manufactures et les ateliers de la ville. La capitale est en situation de saturation démographique : en 1850, la population dépasse le million d'individus. Elle a presque doublé en cinquante ans. Les infrastructures ne sont pas adaptées à ce mouvement migratoire d'une ampleur inédite. La circulation, rendue presque impossible par le maillage de ruelles médiévales, pose notamment un problème. « Des gares ont été construites dans les années 1830 mais les voies de dégagement manquent cruellement, explique Patrice de Moncan, auteur de Paris avant/après et du Paris d'Haussmann. Imaginez les dizaines de milliers de calèches et omnibus tirés par les chevaux, se frayant un chemin dans un lacis de rues étroites, tortueuses et encombrées par une activité urbaine intense. Dans ce chaos, les accidents sont permanents ! Certaines rues ont des pavés en bois qui font chuter les chevaux dès qu'il se met à pleuvoir. La ville manque aussi de lumière. A la nuit tombée, les rues deviennent des coupe-gorge. »

     

    Pauvreté et insalubrité

    À cette époque, on dit de Paris que c'est une ville malade. « Les Parisiens vivent souvent dehors à cause des conditions d'habitation épouvantables, poursuit l'auteur. La plupart des rues sont étroites, ce qui rend le domicile sombre et humide. Il n'y a pas d'eau potable : les gens sont approvisionnés par des porteurs d'eau. » Rambuteau, préfet de la Seine entre 1833 et 1848, a bien fait installer quelques bornes-fontaines mais le nombre reste insuffisant. La capitale ne dispose pas non plus d'égouts, à part quelques kilomètres, trop étroits de surcroît. Si la bourgeoisie loge dans des hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain et du Marais, le peuple vit par bien des aspects comme au Moyen Âge. « Dans les années 1830, un certain Frégier, commissaire de police, rapporte que, sur l'île de la Cité, on jette les eaux usées dans la cour, indique Patrice de Moncan. Il décrit aussi des escaliers parsemés d'excréments. Les gens balancent leurs seaux de déjections par la fenêtre, après avoir crié « eaux, eaux, eaux », à titre préventif. Tant pis pour ceux qui n'ont pas eu le temps de se pousser ! » Compte tenu de ces conditions d'hygiène, les microbes prolifèrent. En 1832, une violente épidémie de choléra décime plus de 18000 habitants en six mois. Une autre en 1849 en tue 16000.

     

    Aux grands maux les grands remèdes

    Il faut finir avec cette insalubrité mortifère. L'empereur Napoléon III charge le baron Haussmann d'une grande mission d'assainissement, baptisée « Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie ». En dix-sept années de travaux – qui finiront sous la IIIème République -, celui-ci va détruire 20000 maisons, bâtir 30000 immeubles, percer de larges avenues et boulevards, doter Paris de 600 kilomètres d'égouts, ajouter deux gares et développer les espaces verts ( les parcs des Buttes-Chaumont et Montsouris ainsi qu'une vingtaine de squares ). Enfin, en 1860, il étend la ville jusqu'aux fortifications de Thiers, annexant plusieurs communes telles Montmartre, Auteuil, Vaugirard... Il sera vivement critiqué par ses contemporains et, plus tard, par les nostalgiques d'un Paris révolu. Mais il aura fait entrer la capitale dans la modernité.

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann

    Carte de l'annexion. En grisé, Paris avant 1860, et sur fond blanc, les territoires qui rejoignent la capitale

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann

    La rue Champlain dans le quartier de Belleville, avant 1860

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann

    La Bièvre, qui prend sa source dans les Yvelines, se jetait dans la Seine au niveau de la gare d'Austerlitz. Elle a été recouverte en 1912

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann

    L'île de la Cité, ici rue du Marché-aux-fleurs, était un dédale de ruelles insalubres

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann 

    Rue Censier

     

    Plongée dans le Paris d'avant Haussmann

    Rue de la Colombe île de la Cité

     


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